La lumière, le relief et le climat de sa Cantabrie natale sont toujours présents dans la peinture de Juan Uslé. Ses tableaux sont comme de grandes pages d’écriture colorées évoquant des paysages abstraits. Par petites touches saccadées, il crée des bandes de couleurs miroitantes et vibrantes qui peuvent évoquer des reflets sur l’eau, les nuances du ciel ou l’effet du vent sur des collines verdoyantes.
« Viento Sur » (le vent du sud) est un vent bien connu à Santander. Son air chaud dévale la montagne, parfois en bourrasques très violentes, jusque dans la baie. Son influence sur les hommes et les femmes y est mythique. Surnommé « viento loco » (le vent fou), on lui attribue les changements d’humeurs, maux de tête, maladies respiratoires, dépressions nerveuses... Juan Uslé retient quant à lui le changement de perception qu’il exerce sur les distances, les volumes, la lumière et le paysage. Lorsque le « Sur » souffle, l’artiste aime grimper sur les montagnes pour y observer et écouter la mer. Depuis toujours il est sensible à ce phénomène qui influe sur sa peinture. En 1993, il confiait à Barry Schwabsky : « Tu es au nord où le vent est normalement froid, mais quand il devient chaud ta vision de l’espace s’affole. C’est pourquoi je ne veux pas tout figer. Je souhaite que les spectateurs aussi travaillent un peu, qu’ils jouent avec les éléments de la peinture et se fassent leurs propres films. » (entretien paru dans Tema Celeste en 1993, repris dans « La peinture dans son temps », recueil d’entretiens de l’artiste publié par la Galerie Lelong & Co. en 2021).
