Sarah Grilo
Paris ↔ Madrid

15 janvier - 07 mars 2026
13 rue de Téhéran, Paris
Qui visite aujourd’hui les salles du MoMA ou du Metropolitan Museum à New York peut être surpris de voir des toiles voisinant celles de Tàpies et Rothko qu’il ne saura pas aussitôt identifier. Ce sont des peintures de Sarah Grilo qui ont récemment rejoint ces collections. L’artiste, disparue voici près de vingt ans, bénéficie enfin d’une légitime reconnaissance.

Sarah Grilo, née à Buenos Aires en 1917, entame dans les années cinquante une œuvre figurative influencée par le cubisme. Elle évolue rapidement vers l’abstraction géométrique en rejoignant le groupe « Artistas Modernos de la Argentina », qui expose au Stedelijk Museum d’Amsterdam et au Museo d’Arte Moderno de Rio de Janeiro.

De 1954 à 1961, Sarah Grilo s’installe à Paris où son travail abstrait évolue vers plus de lyrisme. L’obtention d’une bourse Guggenheim permet son installation à New York en 1962. Plongée alors dans un paysage urbain nouveau, découvrant l’art américain du moment, son œuvre opère un tournant décisif. C’est le clignotement des enseignes et des publicités qui anime ces surfaces vibrantes où chiffres, lettres, graffiti, slogans publicitaires se mêlent aux coulures de peinture. Sarah Grilo développera ce nouveau langage plastique à Paris et Madrid, de 1970 à sa mort en 2007.

L’exposition présente des œuvres des années 70 et 80, au cours desquelles l’artiste travaillait alternativement à Paris et en Espagne (Madrid, Marbella). Elle aimait jouer de permutations, fragmentations et renversements d’éléments. Cela était lié dans son esprit à la remarque mathématique : « El orden de los factores no altera el producto » (l’ordre des facteurs ne modifie pas le résultat), d’où le titre d’une des toiles : « Desorden de los factores ».

La galerie Lelong a présenté à Paris deux expositions de l’artiste, en 2018 et 2021. La galerie Lelong de New York a exposé en 2024 des peintures des années new-yorkaises. Des œuvres de l’artiste sont entrées ainsi dans les collections de l’Art Gallery of Ontario (Toronto) et du Metropolitan Museum de New York. L’œuvre de Sarah Grilo s’affirme également de plus en plus en Europe ; elle figure dans l’exposition « Miró and the United States », actuellement à la Fondation Miró de Barcelone (puis à la Phillips Collection de Washington), et la Fondation Juan March de Palma de Mallorca lui consacrera une rétrospective en 2026.