Paris — New York

Nalini Malani
The Human Stain

23 novembre 2023 - 13 janvier 2024
38 avenue Matignon, Paris
Reconnue comme la pionnière de l'art vidéo en Inde, Nalini Malani pratique le dessin, la peinture, la vidéo et le film. Elle développe souvent des sortes de théâtres d’ombres monumentaux et immersifs, constitués d’étonnants assemblages d’images et de sons. Artiste engagée dans les débats de la société contemporaine, Malani se concentre sur la création d'histoires visuelles dynamiques mettant en scène les ignorés, les oubliés, les marginalisés. Issu de l’histoire, de la culture et de son expérience personnelle de réfugiée lors de l’indépendance et de la partition de l’Inde, marqué par l’héritage du colonialisme et de la décolonisation, le travail de Malani revisite la violence, la dimension féminine et les questions d’identité nationale.

La technique de Malani s’inspire de la tradition du fixé sous verre, en peignant sur le revers de feuilles transparentes ; cela lui permet de créer des effets de halo avec des personnages apparaissant sous des formes fluides. L’artiste a emprunté le titre de la série "The Human Stain" au roman de Philip Roth (en français "La Tache") paru en 2001.

Malani déclare à ce propos : "Dans le roman de Roth, le personnage principal tente de dissimuler sa "race" derrière la couleur claire de sa peau, car il est avantageux pour lui d’être considéré comme totalement "blanc". La tache est à la fois une marque sur la peau et une marque sociale, si complexe et confuse que la force morale ne peut à elle seule la dépasser. Les mythes sont notre "tache", ces histoires très anciennes qui nous parviennent à travers les siècles, sans auteur, avec un effet boule de neige, accumulant au fil du temps des informations sur chaque période qu’ils traversent. Dans cette série "The Human Stain", je souhaite faire émerger des personnages mythiques, en l'occurrence des mythes grecs, afin qu'ils résonnent dans notre époque. Ainsi des "taches" de Phèdre, de Médée et des figures de l’Orestie apparaissent dans nos vies en provoquant des rapprochements et des associations d’idées, à partir de vérités intemporelles".

Née en 1946 à Karachi, Nalini Malani vit et travaille à Mumbai et à Amsterdam. En 2007, elle est invitée par Robert Storr à la 52e Biennale de Venise. Ce même été, l'IMMA de Dublin lui consacre une rétrospective et un catalogue. Son travail a été ensuite exposé à la Fondation Kiran Nadar à New Delhi et au Stedelijk Museum d'Amsterdam (2017). Deux grandes rétrospectives ont été organisées en 2018 : au Centre Pompidou à Paris et au Castello di Rivoli près de Turin. Le MoMA, le Metropolitan Museum, la Tate Gallery et le MNAM-Centre Pompidou ont récemment acquis des oeuvres phares de Nalini Malani. Lauréate du prix Joan Miró en 2019, elle a exposé à la Fundación Miró de Barcelone l'année suivante, puis à Hong Kong au nouveau musée M+ en 2021-2022.

En 2022, Nalini Malani a reçu une bourse de recherche de la National Gallery de Londres qui a donné lieu ensuite à l’exposition "My Reality is Different". En 2023, le prix Kyoto lui a été décerné au Japon, distinction exceptionnelle souvent considérée comme l'équivalent du prix Nobel en Asie.